Le printemps a toujours été une saison où il y a tellement de «shows» qu’on doit presque s’hypothéquer pour tous aller les voir ou simplement de faire le choix de ceux qui nous semblent plus importants que d’autres. Parfois, ça va être des choix déchirants, je l’admets, mais le résultat va toujours rester le même. Contrairement aux dernières années, le printemps 2016 est plus tranquille que d’habitude, car, en effet, il n’y a pas deux ou trois «shows» par semaine et le mois de mai, normalement très achalandé, semble très tranquille cette année. Dans ce texte, il sera question d’un des «shows» les plus intéressants et variés qu’il m’a été donné de voir. Une petite soirée avec trois groupes qui jouent trois styles de métal différents, mais qui ont tous un but commun: faire un «show» mémorable. Les trois groupes sont Nekrogoblikon, Psychostick et Urizen et la soirée est produite par Extensive Enterprise. Il faudra noter qu’il y avait un quatrième groupe prévu soit Crimson Shadows, mais dû à des circonstances hors de leur contrôle, il ne pouvait pas se présenter à Montréal. Personnellement, j’aimais mieux qu’il y ait juste trois groupes.
Encore plus intéressant, ce «show» avait lieu aux Katacombes, un endroit où ça faisait extrêmement longtemps que je n’avais pas mis les pieds. D’ailleurs, je ne me rappelle même pas c’est quoi le «show» précédent que j’ai vu à cette salle de spectacle. Une belle occasion de redécouvrir cette place. Je me suis posé la question à savoir si Nekrogoblikon était assez populaire pour remplir cette salle et force de constater une fois à l’intérieur que la salle était déjà pas mal pleine. C’est rare que j’en parle, mais du côté de la merch, c’est l’un des «shows» où je l’ai trouvée très belle et avoir eu les moyens financiers, je serais retourné à la banque pour retirer plus d’argent. Et finalement, le groupe a ressorti les deux premiers albums qui sont introuvables sur Internet à un prix abordable. Faisons place à la performance d’Urizen.
Urizen est un groupe de musique industriel mélangeant à la fois le rock et le métal. Il est composé de trois personnes: un guitariste/vocaliste, un claviériste/vocaliste et un batteur. Sur la scène, on pouvait voir trois poteaux où il y avait des casques accrochés et j’avoue que ça m’avait intrigué. Pour être honnête, ce n’est pas la musique qui faisait en sorte que leur performance était mémorable étant donné que j’ai trouvé ça assez ordinaire. Pour la voix, c’était bien, mais rien d’extraordinaire. Au début, le son était très bon même avec toutes les séquences industrielles que l’on pouvait entendre. Il y a seulement la guitare que l’on n’entendait pas très bien à la première chanson, mais ça s’est réglé dès le commencement de la deuxième chanson heureusement.
C’est principalement le côté visuel et scénique qui attira davantage mon attention. En effet, les membres du groupe portaient, au début de la performance, des lunettes qui allumaient comme des lampes de poche. Il y avait aussi un acteur qui jouait un scientifique, très synchronisé avec ce qu’il disait en arrière-plan, et un autre qui jouait un robot qui a combattu une espèce de ver de terre, dont l’œil pouvait se faire arracher. Justement, ce combat avait lieu dans la foule où les gens ont eu la gentillesse de laisser de la place aux acteurs pour le combat, mais aussi pour laisser le robot à soulever plusieurs fois la foule. Les jeux de lumière sur les casques et les poteaux étaient impressionnants. Pour un petit groupe, il y avait quand même un bon budget pour ça et toute la mise en scène était extrêmement réussie.
Sur scène, les gars avaient une très bonne énergie, et ce, durant toute la durée de leur performance. Ils faisaient participer la foule assez constamment et ils étaient visiblement heureux d’être à Montréal pour leur première fois. Dans le public, il n’y avait pas beaucoup d’action même si je voyais du mouvement, mais disons que les gens ont très bien reçu Urizen. Après chaque chanson, les bras étaient en l’air avec le signe des cornes du diable et ça criait très fort. Dès que le robot levait les bras dans une direction, les gens le suivaient tout de suite après. En tout cas, pour la première performance de la soirée, ça commence extrêmement bien.
Psychostick est un groupe crossover thrash metal utilisant beaucoup la comédie absurde dans leurs paroles. Le groupe est composé de quatre membres: un chanteur, un guitariste, un bassiste et un batteur. Il était évident que je voulais entendre certaines chansons, et ce, peu importe l’ordre. Dès le commencement, le groupe part avec «Obey The Beard», celle que je voulais le plus entendre. Le groupe n’a joué que d’excellentes chansons dont toutes celles que je voulais entendre, comme «President Rhyno» réintitulé dans un contexte canadien «Prime Minister Rhyno», «Bruce Campbell» ou bien «Sombrero Prophecy» pendant laquelle le chanteur a donné un sombrero à un spectateur qui devait le garder dans le meilleur état possible le temps de la chanson. Pour ce qui est du son, je l’ai trouvé excellent du début jusqu’à la fin.
Sur la scène, les gars avaient beaucoup moins de décors qu’Urizen et aucun effet visuel. En effet, le guitariste a mis un bandana style ninja sur la tête, le chanteur avait sur la tête une représentation de cheveux punk (dans le style de Jorge Herrera du groupe The Casualties) et le bassiste avait des cornes d’orignal gonflées sur la tête. Sinon, les gars avaient une très bonne énergie sur scène même s’ils restaient dans leur coin. Pour finir, du côté de la foule, elle était complètement déchaînée. Il y a eu de l’action pendant pratiquement toute la durée de la performance de Psychostick. Les «moshpits» étaient très intenses et violents. Pour une petite place comme les Katacombes, les «moshpits» étaient très gros. Non seulement ça, mais les gens répondaient très activement aux appels du chanteur et même que plusieurs chantaient les paroles de certaines chansons, souvent les plus connues du groupe. Leur performance a été un excellent réchauffement pour Nekrogoblikon.
Nekrogoblikon est un groupe de death metal mélodique composé de cinq membres: un chanteur, un guitariste, un bassiste, un batteur et un claviériste. Malheureusement, le chanteur et le claviériste ont été retenus aux fameuses douanes canadiennes sans qu’une annonce soit faite sur la page Facebook du groupe ou sur la page de l’événement. C’est le guitariste et quelqu’un d’autre qui vont se charger de la partie vocale du «show». Le résultat ne sera pas nécessairement le même, mais j’étais curieux d’entendre comment ça allait sonner en spectacle. Heureusement cependant qu’ils ont laissé passer la mascotte du groupe John Goblikon parce que sans lui, le «show» serait moins intéressant selon moi.
Souvenez-vous dans ma revue du Heavy Montréal 2014 où j’avais louangé la performance du groupe sur une petite scène. Ce ne fut pas tout à fait la même chose, mais en général, j’ai aimé la performance du groupe. Sur scène, mis à part le chanteur, c’était très statique comme performance. Le chanteur l’était également, mais pas tout le long de la performance heureusement. Évidemment, John Goblikon montrait beaucoup plus de vie en divertissant les gens en allant de gauche à droite sur la scène. Il est même allé dans la foule pour brasser un peu les choses, ce qui a véritablement plu au public.
Musicalement, les gars étaient très intenses dans un death metal mélodique. Les pièces étaient originales et il y avait des passes plus techniques qui ne me tapaient pas sur les nerfs à la longue. Les solos du guitariste étaient absolument débiles et en mettaient plein la vue. Ce qui a aidé à la performance, c’est le son. Le son était excellent et intense, à l’image du groupe. De plus, les gars ont varié les pièces des trois albums et du EP en plus de jouer quelques chansons que le groupe n’a jamais performées dans un «show», dont une pièce instrumentale que j’ai trouvé très intéressante.
La foule était très réceptive et semblait heureuse du retour du groupe. Elle répondait activement aux appels du chanteur, dont celui d’embarquer sur la scène à la dernière chanson de la soirée. La scène était tellement pleine que les gens pouvaient à peine bouger. J’ai toutefois trouvé «les moshpits» beaucoup moins intenses qu’au groupe précédent. Est-ce que c’était à cause de la grosse chaleur? Peut-être. Est-ce que c’est parce que les gens étaient fatigués? Probable, mais disons que c’est rare que je vois une foule peu active avec de la musique intense. J’ai trouvé la performance du groupe assez courte et j’avoue que j’aurais voulu en entendre plus même si les chansons que je voulais entendre ont été jouées.
En conclusion, ce fut le meilleur «show» auquel j’ai assisté jusqu’à maintenant en 2016. Même s’il reste encore huit mois pour détrôner celui-ci, ça va en prendre beaucoup pour le faire et j’ignore vraiment si ça va arriver. À moins qu’il y ait un revirement majeur, le «show» de Nekrogoblikon, Psychostick et Urizen risque fortement d’être dans mon top 10 des meilleurs «shows» de l’année 2016. Tous les groupes ont été excellents et j’espère les revoir bientôt. C’est dur à dire qui m’a le plus plu, mais après une longue délibération avec moi-même, je dirais que Psychostick a donné la meilleure performance de la soirée. J’aimerais remercier Extensive Enterprise pour l’accès à cet excellent événement qui, selon moi, a marqué tout le public et qui, je l’espère, va apprécier cette critique de spectacle. Voici le lien pour aller voir toutes les photos prises par mon collègue Joé et dont quelques-unes agrémentent mon texte.
Marc-André Jobin